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I don't really miss God, but I sure miss Santa Claus

Gutless by Hole on Grooveshark 

Un soir comme un autre on va prendre son train, mais il y a tout plein de monde, alors on joue des coudes jusqua'a&ux panneaux d'affichage, les valises les enfants, les étudiants et les hommes pressés, et les jeunes femmes avec leurs petits chiens dans les bras qui te léchouillent gentiment la main quand tu les caresses, un peu de douceur dans tout ce chaos

Une annonce nous demande d'évacuer la gare. On se rabat au café du coin avec le reste de l'humanité, les gens qui, les gens que, mais au détail on est tous pareils tous dans la même galère, une femme m'emprunte mon portable, n'arrive pas à joindre son mari, à la télé ça passe en boucle mais sans le son, le Niger, les églises? les obsèques de Charb? bref je ne sais pas, j'ai pas bien eu le temps de suivre les infos ces jours-ci, je suis là à boire ma mousse et à tenter de suivre le mouvement: si personne ne bouge et se ressert une même, siouplai! je reste coudes vissés à regarder passer. La serveuse m'aime bien, parce que je lui donne toujours pile le compte, je me souviens le stress quand un café est bondé et qu'on doit courir dans tous les sens. Le mari de la dame rappelle sur mon portable. Pour me remercier de ce rien du tout elle paie la dernière conso.

Histoire.

A la table à côté ya une femme d'une cinquantaine madame tout-le-monde au bout du fil qui n'arrête pas de répéter "on a demandé de COURIR HORS DE LA GARE EVACUATION ON A TOUS FUI EN COURANT" ce qui totale bullshit bien sûr, pourquoi tant d'emphase, ça m'échappe.

Deux heures plus tard il y a du mouvement, je quitte la chaleur du troquet pour me retrouver dans la nuit fraîche avec des centaines de personnes à attendre devant la gare. Il y a de tout là aussi, des grands des vieux des étudiants des profs de tout et des enfants, aussi, des ptits z'enfants qui se les gèlent depuis 3 heures m'apprend leur mère.

On entame discussion moi et une-autre-femme-dont-j'ignore-le-nom. Très vite on se prend de sympathie, on discute Boko Haram, Bruxelles, terrorisme en France, et kesk'il y a dans le colis piégé qui nous ralentit tous. Je suis sûre de moi: on n'est pas à Paris, quel intérêt de faire péter des bombes ici? c'est forcément un gamin qui a oublié son sac. Elle prend ça beaucoup plus au sérieux, me dit qu'à Paris ça ne plaisante pas. Elle dit "heureusement qu'on peut en rire" mais elle ne rit pas du tout. Elle me renvoie mon insouciance à la figure, me prend certainement pour une irresponsable.

Elle me dit que le pire est à craindre. Pas à cause des guerres, mais à cause de ce qu'on a fait à la Terre (je n'ai pas tout retenu mais vu qu'elle bosse dans les sciences elle connaît le sujet) (même si j'ai oublié ce qu'elle m'a dit) Elle me dit que son mari a perdu le sommeil depuis qu'il a lu un certain rapport super pointu. Elle dit qu'elle n'aura jamais d'enfants, parce que regarde le Monde dans lequel ils vont grandir.

Sa peur est poreuse. Une peur pas émulée par les effets de masse (d'ailleurs la foule est très calme presque bon enfant, après tout, c'est le week-end), une peur raisonnée, la peur de ceux qui se savent condamnés, la peur dont on ne parle jamais, surtout pas. Elle dit que si l'on savait vraiment ce qui va nous tomber dessus, personne ne pourrait dormir. Je dis que je ne vois pas l'intérêt de s'inquiéter si ça ne change rien à rien, que l'issue inévitable aura lieu quoi qu'on fasse, alors autant s'épargner une panique bien inutile.

"There's no right, there's no wrong. There's only popular opinion". (12 Monkeys)

Derrière nous les deux petits bout'choux emmitouflés jusqu'aux yeux s'amusent gentiment. C'est un froid sec, joyeux, un froid de veillée. "On n'aura pas d'enfants, mais on éduque les enfants des autres." "Oui, c'est très important ça..."

Une fois que les démineurs ont fait leur boulot et que tout a été vérifié et revérifié, on enlève le ruban et les gens se précipitent. Comme un chat peureux je me réfugie près de l'arbre surélevé, deux étudiants me tiennent compagnie, on attendra que tout le monde soit passé. Car c'est ça, moi, qui me fait peur, les mouvements de foule, la trop-concentration d'humains. Comme je racontais à la femme, l'incendie du 5/7, les mouvements de panique. On va se perdre de vue à ce moment-là; elle a suivi le mouvement, je me suis tenue à l'écart. Je me souviens son visage, son léger accent, l'inquiétude sur son front, mais je ne connais même pas son nom.

...

Incident clos. On monte dans le train, je remets mes écouteurs sur les oreilles. Des paroles de rage sourde tombent juste, font enfin sens, I don't really miss God, but I sure miss Santa Claus.

Mais je ne m'en fais pas. L'insouciance est au fond de mon sac, en comprimés sécables, 1 ou 2 en cas d'anxiété. Et puis, je suis un arbre moi aussi, maintenant. demain, je sauve le Monde.

Le suis-je vraiment.

On pourra toujours faire semblant, non.



Non.









Gutless

You're
gutless

You're
Gutless

You're
undressed









Ecrit par stupidchick, le Samedi 17 Janvier 2015, 12:55 dans la rubrique "Actu".

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